Introduction à POLEMIOS

Introduction à la Méthode Polemios

Dans la vie de tous les jours, en famille comme au bureau, ou devant un client potentiel, nous sommes amenés souvent à vouloir faire changer d'avis nos partenaires.

Nous sommes alors rapidement conduits vers des dialogues de type " polémique ". Il suffit d'observer une discussion enflammée, en fin de repas, entre personnes qui ne sont pas du même avis. Quel que soit le sujet abordé, on observe des points communs dans les façons de faire de chacun.

La tendance spontanée qui est la nôtre est conforme à notre éducation. Dans toute discussion, nous estimons avoir raison et, par conséquent, nous pensons que l'autre a tort. Cette dichotomie - ou dualisme - nous crée plus de problèmes qu'elle n'en résout.
En effet, nous de disposons, à partir de cette croyance initiale que de très peu de moyens pour faire changer l'autre d'avis.

Le premier moyen est la contrainte ; puisque nous avons raison, nous pensons que l'autre devrait s'en rendre compte. Alors, le chemin le plus court n'est-il pas de lui imposer notre point de vue ? Mais ça ne marche pas. L'autre n'a pas de raison valable de changer d'avis, sous le seul prétexte que nous le lui demandons.

Le deuxième moyen est l'argumentation. Nous lui expliquons la solidité rationnelle de notre raisonnement, et, dans la mesure où l'autre n'est pas de mauvaise foi, il ne peut que se ranger à notre avis. Cela ne marche guère mieux, car les raisons de l'autre ne sont pas les nôtres. Et nous nous engageons alors dans une bataille d'arguments contradictoires sans fin. Et, au bout de quelques heures de discussion et de disputes, nous observons que le ton a monté, et que chacun est resté, plus que jamais, sur ses positions initiales. En termes d'analyse relationnelle, la relation s'est dégradée mais le contenu n'a pas bougé d'un poil.

Bien sûr, il arrive que ça marche. Par exemple, lorsque l'autre n'a pas vraiment d'avis sur le sujet abordé, ou qu'il désire la paix avant tout… ou qu'il me prend pour un grand gourou.
Mais, généralement, il suffit de regarder les débats télévisés, ou ces émissions à la mode, où chacun peut s'exprimer et parler sans avoir l'obligation d'écouter les autres, pour comprendre que la voie du changement d'autrui, ne passe pas par ces méthodes.
Ou, devrions-nous plutôt dire : par cette absence de méthode.

Dans une conversation orientée vers l'objectif de faire changer l'autre, il est des bons coups et des coups presque toujours perdants. Et ce sont ces derniers que nous utilisons dans une conversation polémique ordinaire.

Observons les comportements spontanés de quelqu'un cherchant à convaincre quelqu'un d'autre. D'abord, il se place sur un plan dominant vis-à-vis de son partenaire et lui tient en quelque sorte ce langage : " Je vais t'expliquer pourquoi j'ai raison et donc pourquoi tu as tort ", pourquoi tu dois voter comme moi, ou m'acheter mon produit…

La suite est inévitable et prévisible : l'autre se placera à son tour en position dominante.
" Moi, aussi j'estime avoir raison ". Ainsi, les deux partenaires deviennent rapidement adversaires, chacun traitant l'autre " de haut ". En communication, nous appelons cette position une position symétrique dominante ; chacun tire sur un bout de la corde … qui les pendra.

Cette position relationnelle conduit dangereusement et rapidement à une relation de guerre. Après avoir échoué dans l'argumentation, il est normal de traiter l'autre de mauvaise foi, car il refuse de voir à quel point nos arguments sont justes et fondés.
Dans la première partie d'une relation polémique, on traite l'autre de sot ou de fou ; dans la deuxième partie - la guerre une fois déclarée - on le traite de salaud. "Vous êtes de mauvaise foi, vous n'écoutez même pas ce que je dis, et vous me coupez la parole… Je reconnais bien là les méthodes de votre parti… "

Chaque partenaire tente d'affirmer une double supériorité vis-à-vis de l'autre : celle du contenu (" Je connais mieux le problème que toi ") et celle de la relation ("Je suis meilleur que toi "). Ainsi engagée, la discussion entre dans une circularité sans fin, où chacun tentera de faire " un peu plus de la même chose ", et s'enracinera plus profondément sur ses bases initiales.

Ajoutons à ces deux paramètres de toute conversation, et, donc de toute conversation polémique, les sophismes de raisonnement que nous utilisons tous les jours pour prouver à l'autre qu'il a tort. L'ancienne rhétorique, et la moderne épistémologie nous en fournissent maints exemples.
L'une de ces techniques est l'exemple qui prouve : nous citons un exemple pour prouver le bien-fondé de notre thèse, alors qu'un exemple ne fait qu'illustrer, mais ne peut rien prouver quoi que ce soit, d'autant plus que cette technique est inefficace, car un exemple entraîne automatiquement un contre-exemple chez l'adversaire. 

Ou encore nous confondons probabilités avec causalité ; ou encore nous ne reprenons qu'une partie de l'argumentation de l'adversaire pour le faire tomber…

Le jeu de la polémique que nous avons mis au point propose, dans le cadre de nos formations Relatio, une nouvelle méthode de dialogue polémique, qui, en partant du point de vue de l'adversaire et sans jamais s'opposer à lui ouvertement, vous permettra de l'amener au plus près de votre propre façon de voir.  Ce qui est bien l'objectif de toute relation de type polémique

Ca ne marchera pas à tous les coups, mais beaucoup plus souvent qu'avant. Et c'est peut-être là le principal intérêt dans nos affaires quotidiennes.
Sans entrer dans les détails de ce jeu, décrivons quelques points fondamentaux.

Le cours complet dure trois jours et fait parcourir au stagiaire les différentes étapes lui permettant de passer d'une polémique basée sur l'argumentation à une polémique utilisant les paramètres relationnels et cognitifs de tout un chacun.

Tout d'abord on apprend les techniques permettant de faire parler les autres, de les écouter et de relever en situation les parties du discours pouvant servir ultérieurement dans le dialogue. On laisse l'autre s'exprimer librement, sans le limiter, sans le critiquer ni le contredire. On le laisse donc aussi se dévoiler et nous donner les futures armes avec lesquelles nous le frapperons.

Puis, on organise, à partir des éléments relevés dans son discours, donc à partir de son propre point de vue, un dialogue permettant d'augmenter l'importance de certains de ses propos, d'en diminuer d'autres, et de le faire progressivement changer de perspective, donc d'avis.

Certains exercices annexes montrent au stagiaire qu'il est possible de faire changer d'avis quelqu'un en moins de dix minutes. C'est assez surprenant, même s'il faut admettre que ces changements sont souvent fragiles et provisoires.

Cette méthode permet de modifier les opinions et, par voie de conséquences les actions de quelqu'un, sans jamais le contredire et sans utiliser aucun argument en faveur de notre position ; uniquement par modification de son langage,  par recadrages répétés, on amène le partenaire à voir autrement le sujet du débat et à proposer de lui-même le changement souhaité.

C'est une technique d'arts martiaux appliquée à la relation. L'adversaire - ou le partenaire - change d'avis en utilisant sa propre force, ses propres raisonnements.

La méthode classique repose sur la mise en avant de notre propre opinion, et des arguments qui la soutiennent, et consiste en une volonté visible de faire changer d'avis l'autre ; c'est pourquoi cela marche si peu souvent.

Ce cours de trois jours complets fait parcourir au stagiaire toutes les étapes, d'une opération de type Relatio. Toutes les théories de l'analyse relationnelle sont mises en oeuvre dans la technique Polémios.

Le jeu de la polémique ou : " Comment faire changer d'avis nos partenaires " suit précisément les trois étapes traditionnelles de toute opération de changement: Connaître, Analyser et Modifier.

En effet, si l'objectif principal de l'analyse relationnelle est l'apprentissage de techniques et d'une certaine philosophie augmentant le contrôle des relations de celui qui la pratique, alors le cours sur la polémique, est comme un raccourci du cours complet d'analyse relationnelle.

En tant que tel, ce cours initie le stagiaire en AR à l'ensemble des savoir-faire et des principes-clés de la méthode Relatio.

Le cours se décompose en Exposés de l'animateur, suivis d'exercices de stagiaires.

Les exercices se pratiquent généralement à deux, en face à face. Après chaque exercice, le parterre de participants qui a noté ce qu'ils a observé, apporte ses suggestions.

Certains exercices seront plus spectaculaires et réussis, si l'un des partenaires n'appartient pas au stage.
Aussi faut-il envisager des exercices avec des protagonistes pris au hasard (dans la rue, par exemple) ou recrutés préalablement.

Pour en savoir plus

La Méthode Polémios est un des outils spécifiques proposé par la méthode Relatio. Pour en voir les cours théoriques ou encore mieux apprendre à pratiquer cette méthode...


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